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Communiqué de presse Ecofect - 09 Mai 2019

Le 9 mai 2019

Des chercheurs du LabEx Ecofect démontrent que le virus de l’hépatite B n’est pas le seul virus à pouvoir disséminer le virus de l’hépatite D in vivo.

Jimena Perez-Vargas, postdoctorante sur le LabEx Ecofect dans l'équipe de François-Loïc Cosset (CIRI) vient de montrer que le virus de l'Hépatite D, initialement découvert dans le foie de personnes infectées par le virus de l'hépatite B, peut se propager en "utilisant" des virus de différentes familles virales.

Le virus de l'hépatite D (VHD), ou « delta », a été découvert il y a 40 ans dans le foie de personnes infectées de manière chronique par le virus de l'hépatite B (VHB), un agent pathogène humain spécifique du foie. Le VHD est un virus dit « satellite » : il est incapable de se propager seul et le VHB lui prête ses glycoprotéines d'enveloppe pour permettre son enveloppement, sa sécrétion en dehors de la cellule productrice, sa transmission intercellulaire ainsi que son entrée dans de nouvelles cellules via les mêmes récepteurs que le VHB. Bien que le HDV aggrave la pathogénicité du VHB, son origine est actuellement inconnue. C'est un virus dont le génome est unique parmi les virus animaux mais qui partage des propriétés avec les viroïdes végétaux. Étant donné que le VHD se réplique efficacement dans différents tissus et espèces, l'équipe de François-Loïc Cosset (CIRI - Université de Lyon, Inserm,  CNRS, et ENS Lyon) publie aujourd'hui un article dans Nature Communications où elle émet l’hypothèse selon laquelle le VHD pourrait avoir émergé ou même infecter des hôtes indépendamment du VHB. Afin d’explorer des scénarios concernant l’origine du HDV, les chercheurs ont étudié la possibilité que d’autres virus enveloppés, distincts du VHB, puissent également lui fournir des fonctions d’enveloppement, de bourgeonnement et de transmission vers d’autres cellules.

Jimena Perez-Vargas, et les co-auteurs, ont démontré que VDH est capable d’exploiter les fonctions d'assemblage fournies par les virus de plusieurs genres et familles alternatifs, notamment les vésiculovirus, les flavivirus ou encore les hépacivirus. Cette compatibilité permet une production efficace dans des cellules co-infectées de particules VHD qui sont infectieuses. Ceci conduit à leur entrée dans différents types de cellules exprimant les récepteurs ciblés par les glycoprotéines de ces virus et à la dissémination du génome du VHD in vivo dans des souris humanisées. Globalement, une transmission cellulaire non conventionnelle du VHD est donc expérimentalement possible in vivo, ce qui laisse supposer que dans la nature, le VHD pourrait être associé à différents types de virus, y compris des agents pathogènes viraux humains. Ceci pourrait favoriser des scénarios de transmission jusque-là inconnus et moduler la pathogénicité de ces différents virus.


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Article de référence

Enveloped viruses distinct from HBV induce dissemination of hepatitis D virus in vivo
Perez-Vargas, J., F. Amirache, C. Mialon, B. Boson, N. Freitas, C. Sureau., F. Fusil and F.-L. Cosset (2019).
Nature Communications 2019, 10:2098 -  Télécharger le pdf