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Stéphanie Jacquet - Lauréate du Prix Jeunes Talents 2020 de la Fondation l’ORÉAL-UNESCO

Le 7 octobre 2020

Octobre 2020 - Stéphanie Jacquet est Lauréate du Prix Jeunes Talents 2020 de la Fondation l’ORÉAL-UNESCO

Stéphanie Jacquet – Lauréate du Prix Jeunes Talents 2020 de la Fondation l’ORÉAL -Unesco

Stéphanie JACQUET, actuellement en post-doc sur le LabEx Ecofect au Laboratoire de Biométrie et Biologie Évolutive (LBBE), et au Centre de Recherche Internationale en Infectiologie (CIRI), vient d’être récompensée du Prix Jeunes Talents France 2020 par La Fondation L’Oréal-Unesco Pour les Femmes & la Science. La Fondation L’Oréal, aux côtés de l’Unesco, soutient chaque année 35 jeunes chercheuses en France.
Ses travaux les plus récents sur le projet METINBAT visent à comprendre comment les chauves-souris, hôtes de nombreux pathogènes transmissibles à l’être humain, coexistent avec les virus. Pour cela, elle étudie la diversité génétique et fonctionnelle de leur système immunitaire inné, à savoir les mécanismes cellulaires permettant la défense des chauves-souris contre les virus, comparativement à d’autres mammifères. Stéphanie JACQUET a mis en évidence certaines caractéristiques génétiques spécifiques aux chauves-souris qui contribueraient à leurs défenses antivirales uniques.

Entretien avec Stéphanie Jacquet

Quels sont les enjeux à court et à long terme de vos recherches et leurs applications ?
Stéphanie Jacquet. Les maladies infectieuses représentent un enjeu majeur pour la santé publique. Si l’humanité a toujours fait face à ces maladies, la fréquence de leurs émergences n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies. Gérer les maladies infectieuses nécessite de bien comprendre les mécanismes et les acteurs impliqués dans la transmission et la circulation des pathogènes.
Mon projet de recherche vise à élucider les processus éco-évolutifs qui régissent les interactions entre virus et chauves-souris – hôtes majeurs de pathogènes transmissibles à l’être humain et aux animaux domestiques. A court terme, mes travaux permettront de mieux comprendre comment les chauves-souris parviennent à co-exister avec les virus. Cela est capital pour appréhender les mécanismes sous-jacents aux transmissions inter-espèces, et donc aux émergences d’infections virales chez les populations humaines. A long terme, ces connaissances fourniront des informations fondamentales qui peuvent aider à l’identification de nouvelles cibles de prévention antivirale ou de stratégies thérapeutiques innovantes.


Pourriez-vous nous décrire votre parcours professionnel?

Stéphanie Jacquet. Originaire de Saint-Martin, une petite île des Caraïbes où la formation académique est restreinte au niveau baccalauréat, j’ai dû quitter mon île natale pour poursuivre mes études. C’est à l’Université de Montpellier que j’ai effectué l’ensemble de mon cursus universitaire, y compris ma thèse. Initialement animée d’une vocation pour l’enseignement primaire, un cours de parasitologie en Master m’a fait réaliser la diversité et la complexité extraordinaires des interactions biologiques, évolutives, et écologiques qui régissent le monde du vivant. Je me suis donc tournée vers la recherche scientifique, notamment sur les interactions hôtes - parasites et leur environnement, dont la compréhension est essentielle pour appréhender et gérer les maladies infectieuses. Les relations entre organismes hôtes et pathogènes impliquent une multitude de facteurs en interactions à différentes échelles d’organisation biologique, de la molécule à l’écosystème. Je m’intéresse donc aux processus écologiques, évolutifs et moléculaires qui façonnent ces interactions.
Dans ma thèse, j’ai notamment montré que certains facteurs environnementaux (vent, mer) et écologiques (mode de dispersion, cycle de vie) ont impacté l’aire de distribution d’un moucheron vecteur principal d’une maladie bovine.
Actuellement, mes travaux visent à comprendre comment les chauves-souris, hôtes réservoirs de nombreux pathogènes transmissibles à l’Homme, co-existent avec les virus. Pour cela, j’étudie la diversité génétique et fonctionnelle de leur système immunitaire inné, comparativement à d’autres mammifères. En combinant approches évolutives et tests expérimentaux, j’ai mis en évidence certaines caractéristiques génétiques spécifiques aux chauves-souris qui contribueraient à leurs défenses antivirales uniques, et à faciliter ou limiter les transmissions virales entre espèces.


Que représente le programme Jeunes Talents pour vous ?

Stéphanie Jacquet. Le programme Jeunes Talents représente une reconnaissance prestigieuse de la richesse des parcours, origines, disciplines et personnalités des jeunes chercheures en science. Il permet notamment de mettre en lumière la minorité que représentent les femmes en science, et de renforcer leur position dans les métiers de la recherche. A titre personnel, ce prix représente un encouragement et un tremplin uniques pour poursuivre ma carrière de chercheure. Grâce à cette bourse, je serai en mesure d’acquérir de nouvelles compétences clés pour mes projets de recherche à venir. Enfin, ce programme est pour moi une opportunité d’encourager toutes les jeunes femmes en recherche et partager ce simple message : « nous pouvons toutes y arriver ».

A voir:

Interview de Stéphanie Jacquet à BFMTV

A lire également:

Article de presse dans le Journal "Le Progrès"

Article de presse du CNRS

Article de presse du Journal de St Martin 97150

Article de presse du Journal "France-Antilles"